La femme en manque du père
Bien souvent l'absence du père durant l'enfance se fait ressentir dans les mécanismes structurels du couple chez la femme. En effet, le regard masculin est ressenti inconsciemment comme radicalement différent du regard maternel chez la jeune fille en devenir de femme.
D'ailleurs, son sentiment d'existence dépend, en partie, du regard que le père, en tant qu'homme, porte sur elle.
Lorsqu'il y a eu carence de ce regard (absence physique ou professionnelle du père), certains troubles conjugaux peuvent arriver du fait que la femme aura tendance à le rechercher dans les yeux de son conjoint. Dans ces conditions, un vide existentiel peut s'installer chez elle lorsque la relation affective ne lui permet plus de recevoir ce regard structurant. Ainsi, sans le savoir, le conjoint devient porteur de pouvoirs thérapeutiques qu'il ne connait pas et qui risquent de tourner en crise conjugale si sa posture vis-à-vis de sa femme ne répond pas ses attentes. Il fera alors les frais de toutes les souffrances et rancœurs que la jeune-fille-devenue-adulte a stockées en elle.
Le psychanalyste Guy Corneau l'explique très bien « l'arme privilégiée de certaines femmes va être celle de la séduction pour tenter de capter le regard de ce père, de cet homme. D'autres vont « tout donner » en ayant sincèrement l'impression d'être complètement altruistes, aimantes, entières, alors que tout leur comportement vise à occuper une place centrale et à prouver qu'elles existent. En allant plus loin, la femme élevée sans attention paternelle peut même croire que c'est en exerçant une emprise sur lui qu'elle va garder le regard masculin fixé sur elle. Toutes sortes de manipulations pour parvenir à son but, soumission, retrait silencieux, crises de larmes, sont alors mises en œuvre pour le convaincre qu'il doit s'occuper d'elle. »
Ce cas permet de mieux comprendre de quelle manière les enjeux émotionnels de notre passé peuvent influencer notre vie relationnelle du présent.